Jeudi 19/09, jour 3
Après avoir tout calé et rangé à bord, nous larguons les
amarres de la Marina de la Linéa vers 15h. Entrée dans le détroit de Gibraltar
où déjà une horde de dauphins communs nous accompagnent, au beau milieu de
cargos et de porte-containers au mouillage pour la plupart.
Nous sommes sous voiles : GV avec deux ris et la
trinquette sur son étai à l’avant, le pilote est fonctionnel et je demande
l’autorisation de barrer, çà c’est fait, cap sur la pointe de Tarifa ! Le
vent mollit, et le capitaine décide de passer en mode moteur, le soleil se
couche. Au menu ce soir, restes de soupe de poisson, de purée et de pâtes,
miam !
Première nuit à la mer et je suis de quart de 21h à 0h, qui
se passe sans encombre, nous longeons la côte espagnole, laissant soigneusement
les cargos sur leur rail sur notre bâbord, mais il faut rester vigilant,
certains d’entre eux naviguent à 30 nœuds, et ils ont tôt fait de croiser notre
cap. Heureusement, les instruments de bord nous donnent beaucoup
d’informations, et Pégase Rider est équipé de l’AIS, et le radar est activé
pour voir les échos sur 6 miles nautiques, ce qui laisse un peu de marge pour
réagir en cas de manœuvre. J’ai quand même dû appeler Marco qui s’installe dans
le carré, pour un navire qui arrivait sur notre trois quart tribord, vitesse
douze nœuds, je voyais un peu trop de rouge et de vert droit sur nous, on
corrige de quelques degrés, et ce yacht passe sur le tribord arrière. Sinon
l’insolite du jour : un grillon s’est invité dans la table à carte …
Vendredi 20/09, jour 4
On croise quelques globicéphales sur l’arrière, soleil au
beau fixe, la mer est d’huile et ridulée par moment, le vent est quasi nul,
autant dire c’est la pétole, donc au moteur, mais compte tenu des prévisions
météo que Marco a récupéré, nous envisageons de caper au Sud dans un premier
temps sur Rabat (voir Jérôme à Kénitra ??), au Maroc, puis Casablanca
semblait plus approprié. Affalage de la trinquette, puis nous installons le
geenaker sur bâbord, qui nous fait désormais rouler à une vitesse de 5-6 nœuds,
donc allure très honorable, on avance bien !
Je démarre la lecture d’un polar de Michel Bussi, « Un
avion sans elle », pas mal !
Au menu ce midi, éminçé de volaille au riz pilaf, concocté
par Marco, succulent.
En fin d’après-midi, relecture de la météo, finalement pas
de Maroc, on cape direct sur Porto Santo, car on risquait de perdre 3 jours
faute de vent sur les côtes marocaines ; on prend le risque d’en manquer
un peu plus tard, mais c’est le jeu.
Nous roulons le geenaker avant la nuit et nous voilà à la GV
et au foc par un vent stable de secteur Nord Est qui oscillera la nuit entre 10
et 15 nœuds. je prends mon quart à 3h, pour relever Béné, le trafic est moins
dense, on sort de la zone encombrée, et j’ai un œil sur un cargo qui fait route
sur Gibraltar, qui fonce à près de 20 nœuds, ouf, il passe, pas besoin de
manœuvrer ! J’agrémente ma veille en écoutant les fichiers mp3 de m’sieur
Yann, ceux pour apprendre le brésilien de base…
Samedi 21/09, jour 5
Ce matin je quitte mon quart à 6h30, Marco me relève, je
pique une heure de sieste, puis envoi du geenaker, mais décision de passer au
moteur, car trop peu de vent, on marche à 6 nœuds, cap au 270, 25° de
température, personne à l’horizon ; Marco resserre les coulisseaux de GV,
par contre les lazy jack bâbord ont lâché, il
faudra réparer, deux rabans de fortune sont attachés pour maintenir la
GV dans son lazy bag. La houle de travers nous fait rouler, et le niveau de ma
batterie de PC m’indique 42% de reste, allez, bientôt midi, à plus tard !
Pas de zef cet après-midi, c’est moteur et c’est parti pour
mouiller une ligne de traîne. Trop lestée la ligne ? en tout cas
bredouille au bout du compte. Nous sommes à mi-parcours de cette traversée et
RAS pour mon quart de 21h à 3h, un bon dodo et je relève Béné à 6h, au soleil
levant.
Dimanche 22/09, jour 6
Le temps est beaucoup plus voilé ce matin, beaucoup de
nuages et la condensation à l’intérieur atteste l’humidité de l’air. Dans la
série bestiaire c’est un énorme papillon de nuit qui se pose à l’intersection
du mât et de la baume, on aurait dit un colibri pas réveillé.
Au réveil de Marco, vers 8h30, nous coupons le moteur, le
vent est au NW à 10 nœuds, on met la grand voile et le foc, cap au 270. A
14h30, on enroule le foc et passons au moteur + Grand Voile, vitesse 6 nœuds,
cap au 245, vent d’ouest, allure près serré. Un coulisseau de GV se détache,
sans gravité, une attache de fortune fera l’affaire avant Madère.20h45 :
GV + 2 ris, cap 240, vitesse 5,9 nds, vent d’ouest , je prends mon quart,
les écouteurs sur les oreilles, mais en veille ; vers 23h30 un cargo
apparait sur le radar et fait route sur nous : changement de cap –50° pour
éviter la collision, tout rentre dans l’ordre.
Lundi 23/09, jour 7
Je relève Béné à 6h et un grillon nous gratifie du son
strident qui le caractérise, je lui porte la lueur de ma lampe frontale, çà
fait du bien quand çà s’arrête ! il a finalement trouvé refuge dans le
baquet de rangement des bouts.
La mer est calme et j’assiste Marco dans la réparation du
coulisseau.
Il nous reste environ 200 miles à parcourir, pour rejoindre
la Marina Quinta Do Lorde, située à l’est de Machico et de Caniçal (ancien port
baleinier), non loin de l’aéroport et de la pointe de Sao Laurenco. On peut
espérer arriver demain soir mardi, tout dépendra des caprices du vent pour la
nuit à venir, car ce midi le vent est passé au Sud ; nous sommes de
nouveau au moteur cet après-midi, certes cela permet de recharger les
batteries, mais aussi de vaquer tantôt à la sieste, tantôt à nos lectures (J’ai
fini de dévorer hier soir les 500 pages de mon roman policier, vite un autre !).
Tout cela peut vous sembler très routinier, mais il n’en est rien, même pas le
temps de m’ennuyer, et déjà une semaine que j’ai pris mon départ …
Mardi 24/09, jour 8
Mon quart hier soir sera marqué par un peu de
compagnie sur la fin : deux cargos sont détectés sur le système AIS, ils
font tous deux route sur nous, en tenaille ! Nous surveillons çà de près
avec Marco, l’un nous passera devant, l’autre par le tribord arrière, mais à
1,5 mile seulement …
Il a plu un peu ce matin, et le ciel est nuageux, un poil
chargé, mais le soleil a pris le dessus, et nous avons de l’air, suffisamment
pour couper le moteur et filer vers l’Ile de Madère (on abandonne l’escale de Porto
Santo, trop compliqué de mouiller la nuit dans un lieu, inconnu).
Ce midi saucisses au chorizo, patates à l’eau ! Il
reste environ 70 miles à parcourir, nous avançons cet après midi à 5,5 nœuds au
cap 270, avec un vent de 10 nœuds, au près serré , on en voit le
bout ! Plus qu’une nuit de bonus pour mériter cette escale, où nous devons
rejoindre quelques uns des compères de flotille déjà arrivés sur place. Nous
reprendrons donc un Limoncello ce soir, pour le dernier soir en mer de cette
traversée.
7 commentaires:
C'est quoi un lazy geek ? ...
un lazy jack !!!
c'est un truc de fainéant pour accompagner la voile dans son lazy bag, évidemment !
mais, sinon, t'as bon, un geek, c'est aussi un mec qui en rame pas une !
;)
... à moins que le geek s'appelle Jack ...
ah ouais, entre les lazy bags, les lazy jacks et les geenakers, j'ai tout mélangé ;-)
donc, en fait, il y a un mec avec vous sur le bateau qui se fait appeler jack, qu'est une grosse feignasse, et qui se la coule douce pendant que les autres triment comme des fous. mais... vous avez embarqué régis sur le bateau ? c'était pas prévu ça !
Ouais et ce satané grillon m'a empêché de dormir pendant toute la traversée
Salut Denis, on voit que ça roule, pardon, que ça baigne pour toi et tes équipiers.on vous souhaite bonne escale à Madère. Ciao, bisous, Nat
Salut Denis....et tes nombreux suiveurs de blog dont je fais partie ;-) avant le 'cobato', Denis a fait du covoit....moins long, pas de quart ....ni grillon ;-). Merci pour ce beau voyage partagé. A bientôt. Kenavo. Yvonnig. La trin/mer, été indien!
Enregistrer un commentaire